Se sentir chez soi dans un meublé
Dans ma vie de jeune adulte, j’ai vécu dans deux appartements, mes deux premiers chez-moi : un à Paris où j’ai fait mes études, un à Marseille d’où je viens et où je suis actuellement.
Le premier était dans une résidence étudiante flambant neuve dans un quartier encore en travaux mais prometteur, et avait une vue sur une gare de RER. Bruyant, mais d’un débit régulier auquel je me suis rapidement habituée.
Je me souviendrais toujours du sentiment que j’ai eu quand j’ai visité ce 18m2 avec mes parents, dans cette nouvelle ville et vie qui m’attendait, ce 18m2 dont le lit était aussi le canapé, le bureau la table à manger, la cuisine dans la chambre : je me suis presque instantanément projetée. Hors de question de garder ces murs blancs et ces meubles vierges, alors avant même de ranger la vaisselle j’étais déjà en train d’afficher mes posters. J’avais 19 ans, c’était la première fois que je partais de la maison, j’avais besoin de me sentir chez moi rapidement et de prendre racine dans ce nouveau refuge.
Cinq ans plus tard, me voilà dans mon appartement à Marseille, au troisième étage d’un vieil immeuble, côté rue (bruyant aussi et cette fois-ci d’un débit aléatoire auquel j’ai encore du mal à m’habituer), exposé sud. 25m2, deux pièces dont une pour la chambre, un vrai luxe de pouvoir séparer le coin nuit du coin jour, une salle de bains minuscule mais fonctionnelle, et mon sentiment est le même : ici tout est blanc, tout est Kalax IKEA, tout est pratique et immaculé, et à peine ai-je refermé la porte de mon nouveau chez-moi que je suis déjà en train de décorer. Étagères, affiches dans des cadres (ça y est, je n’accroche plus de posters à la patafix à 25 ans, j’ai l’impression d’avoir passé un cap dans ma vie d’adulte), rideaux et plaids colorés sur le canapé ; avant même de ranger mes vêtements dans l’armoire, j’avais déjà un semblant de décoration. Comme si c’était impossible pour moi de dormir ne serait-ce qu’une nuit dans un appartement où je n’aurais pas apporté ma touche personnelle, aussi minime soit-elle.
À Paris, les murs étaient tapissés d’affiches de cinéma et changeaient au fil de mes nouvelles découvertes, la vaisselle et le linge de maison étaient récupérées de la maison familiale que je venais de quitter : je m’y sentais bien car les objets étaient familiers et rassurants.
À Marseille c’est différent : c’est moi. Les objets, je les ai chinés à droite à gauche, les couleurs je les ai choisies, la décoration j’en suis l’unique autrice. Dès la première nuit j’ai dormi d’un sommeil heureux, car dans cet appartement je n’étais plus une jeune étudiante expatriée en quête de se trouver ; dans cet appartement j’étais une femme qui s’était trouvée. J’ai mêlé mes différents univers avec finesse (enfin, selon moi), et cet appartement est devenu mon nouveau terrain de jeu dans lequel je pouvais m’exprimer librement.
Maximaliste comme à mon habitude, j’aime l’accumulation (intelligente) de bibelots, de livres, de couleurs, de textures. J’aime la discussion qui émane d’un bien-être chez soi. Mon frère m’a dit un jour que chez moi, ça ressemblait à un magasin de décoration : il y avait toujours quelque chose sur quoi poser son regard.
C’est très personnel car je sais que beaucoup de personnes préfèrent quand la décoration est épurée, toute en finesse, pour un repos des yeux, mais moi j’aime quand mon regard, et par ce biais mon imagination, peut trouver refuge quelque part. Sur cette figurine qu’une amie m’avait gentiment donnée en voyant ce qu’elle évoquait pour moi, sur cette lampe en bois sculptée par mon père, sur ce vase chiné dans une ressourcerie d’un endroit dont je ne me souviens pas, un jour difficile où ce fut le seul rayon de soleil de ma journée. Tous ces objets me rassurent, donc m’apaisent.
J’ai étudié différents courants de décoration comme le feng shui (j’y consacrerais un chapitre prochainement), et j’aime l’idée qui s’en dégage, j’aime le concept du minimalisme, de l’apaisement, de la liberté d’imaginer ce que bon nous semble dans un espacé épuré et aux couleurs naturelles. J’aime ce concept et peut-être qu’un jour j’y viendrais, mais dans un appartement dont on n’a pas choisi les meubles, comment se sentir apaisé ? Comment trouver réconfort dans ces étagères de vitrine de magasin si on n’y ajoute pas ce qui nous représente, nous ?
Pour moi, cela passe par « le plus », le plus d’objets, le plus de souvenirs, le plus de couleurs, le plus de matières. Je me sens bien dans mon meublé car j’y ai apporté ce « plus » qui en a fait mon chez-moi : un endroit dans lequel j’ai envie de me ressourcer, me retrouver, flemmarder, cuisiner, dormir, danser. Un espace à moi qui m’apporte bien-être et apaisement.
Afin d’aller dans la continuité de ce chapitre, dans le prochain je vous proposerai quelques conseils afin de vous sentir bien chez vous à travers la décoration, des petites choses toutes simples qui selon moi sont fondamentales au repos de l’âme.
N’oubliez pas que les portes de ma brocante en ligne vous sont toujours ouvertes et que je mets régulièrement à jour mes nouvelles trouvailles chinées pour vous.
Merci de m’avoir lue et pour vos retours concernant mon premier article ; je suis ravie de constater que je peux m’exprimer, en plus de la photographie, par l’écriture, qui est un art qui m’habite depuis très longtemps.
À la semaine prochaine et en attendant, chinez bien !